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PRINT vs WEB DES!iGN 

Le web design peut-il vraiment remplacer des supports print ? Cette problématique résonne dans les habitudes des Graphistes depuis plusieurs années maintenant, je le vois notamment quand je parle de mon métier : soit je tombe sur des Graphistes purement centrés sur le print et résolument décidés à rester dans cette niche, soit au contraire, je peux échanger avec des créatifs plus « hybrides », comme moi, qui s’intéressent aux 2 modes de communication. Avec un bagage de plus de 6 ans d’expérience dans ce métier, je livre aujourd’hui mon avis et mes questionnements sur ce sujet.

Approche et aperçus

Les différences entre print et web résident dans l’approche et l’appréhension des cibles/prospects : sont-elles plus à l’aise avec un support « palpable » dans les mains ou en naviguant sur son smartphone ? Quelle expérience vont-ils en tirer et retenir ? Quel support pour quel objectif ? 
Quelle que soit la forme que cela prend : votre design doit faire bonne impression, que ce soit en print ou web. Il doit déclencher une action : clic, achat, lecture complète du document, etc.
L’approche web peut être interactive et multiplier les éléments véhiculant des expériences : audio, vidéo, animations, etc. Quant au print, l’approche est plus tactile : texture, formes et qualité d’impression peuvent valoriser un design. Le seul avantage indéniable du web sur le print est que l’erreur est possible et rectifiable, dans un temps très court. Une réelle opposition s’applique alors entre le statique et l’interactif.
Les deux approches ont leur avantages et forces qui leurs sont propres. Le rôle du Graphiste est aussi d’aiguiller au mieux son client dans le choix judicieux du format à créer et à développer, car encore aujourd’hui beaucoup ne sont pas à l’aise avec les créations web et leurs performances. La cible visée doit pouvoir entrer en connexion avec le support afin d’être le plus captif possible au message véhiculé.

Designer web : s’adapter

Pratiquant à la fois le métier de concepteur print et web je peux aujourd’hui affirmer que les Graphistes travaillant dans le webdesign se dotent d’une capacité d’adaptation qu’il faut leur reconnaître. Alors qu’une création print a une temporalité bien définie qui se clôture de façon générale par un BAT (bon à tirer – dernière épreuve avant l’impression de votre projet), le webdesigner doit tenir compte de la fonctionnalité continue d’un projet. En prenant l’exemple de la conception d’un site internet, le concepteur web doit avoir en tête tous les éléments interactifs utiles pour la navigation dans le site, comme les boutons, les hover (apparence d’un élément au moment où l’utilisateur le survole avec le pointeur, sans nécessairement l’activer), les liens, les sondages ou formulaires, les vidéos, etc. L’ensemble de ses éléments doivent fonctionner correctement. Il faut les utiliser à bon escient pour que la navigation de l’internaute soit fluide et lisible. Cela demande donc une compétence qui n’est pas utile en print : réfléchir aux aspects dynamiques de la création, et intégrer des aspects techniques web-developpeur dès la conception des maquettes.

Graphiste print : stabilité et maîtrise

Une création print est par défaut pré-définie par un format, une forme ou une surface qui permettent de contrôler l’expérience et la « navigation » de la cible : un réel atout face aux créations web. En effet, chaque internaute peut ouvrir la même page web et obtenir une mise en page différente (en fonction du navigateur, de la taille de leur fenêtre, sur mobile ou desktop, etc.). Aujourd’hui la conception « mobile first » entend prioriser la navigation mobile qui reste aujourd’hui le moyen le plus répandu de naviguer sur le web. C’est sur ces points et ces complexités que les créations print peuvent tirer leur épingle du jeu, et parfois l’emporter sur le web, car rien n’est plus rassurant que de maîtriser le média et donc la création obtenue pour véhiculer un message et remplir un objectif.

Des libertés différentes

La typographie est un des points de liberté que le print a sur le web : tout en respectant la lisibilité du texte, un designer print dispose d’une multitude de choix de typographies alors que le webdesigner doit se conformer à des choix lisibles par tous car l’apparence de son design en dépend. C’est donc plus facilement contrôlable d’utiliser dès le début du process créatif des typographies standards. L’hébergement de typographies spécifiques peut se faire mais il y’a un léger risque de décalage et/ou de différences d’aperçu d’un utilisateur à l’autre.
Là où le webdesigner s’octroie une liberté quasi sans limite de modifications et de mises à jour, le designer print maîtrise entièrement le rendu final.

Pour conclure, je dirais que les médias imprimés et numériques sont à égalité s’il faut parler de score car ils sont pertinents dans différents usages. Le travail en simultané sur ces 2 canaux me paraît le plus adéquat pour être le plus percutant possible, et le mieux étant de faire répondre les formats les uns avec les autres. Des formats maîtrisables pour le print d’un côté, et des formats évolutifs pour le web. Tenir quelque chose est très différent de regarder quelque chose sur écran. L’expérience peut donc être bien distincte en fonction du choix print ou web, et c’est en se basant sur ce que nous voulons que le prospect vive que nous pouvons choisir le format adéquat. Les objectifs de communication et marketing sont ainsi déterminants pour faire ce choix et délivrer le message et l’image souhaités.