En tant que graphiste multimédia je suis régulièrement amenée à créer des infographies, principalement pour le web. En fonction des délais que l’on m’accorde, le processus créatif peut prendre une place plus importante, mais je dois en général proposer une maquette en une demi-journée ce qui est relativement court. Après 3 années d’expérience dans la réalisation de cette tâche, il me semblait pertinent de partager avec vous le processus, ou le « mode d’emploi », afin de créer efficacement et rapidement une infographie web ou print. Pour structurer mon travail et être sûre de ne rien oublier, je m’applique à répondre aux questions ci-dessous (les 5 Q ?) :
QUEL CONTENU ?
Il faut absolument qu’une thématique ou une problématique soit à l’origine de la création d’une infographie. Une infographie, par définition, met en avant des chiffres et des données claires pour valoriser ladite thématique/problématique. Quelles informations et chiffres peuvent-ils être mis valeur ? Quelles sources ? De quoi le public/internaute peut-il être intéressé ?
Dans mon cas j’ai le plus souvent un document de plusieurs pages à éplucher et décortiquer pour en tirer des éléments marquants et impactants à mettre en valeur. Cette étape peut parfois être la plus longue dans le processus de création. Voici quelques exemples de thématiques que j’ai dû illustrer par des infographies dans le cadre de mes fonctions de Graphiste au sein du Conseil départemental de la Haute-Garonne :
- Budget annuel prévisionnel
- La Protection Maternelle et Infantile (PMI) en Haute-Garonne
- Le Parcours Laïque et Citoyen (PLC)
- Le Plan d’urgences sociales mis en place suite au Covid-19
- La Web app GO31.fr
- etc.
QUELLE DESTINATION ?
Il faut rapidement se poser la question de la destination : est-ce pour le web ou le print ? Cette réponse vous aidera principalement à définir les formats à réaliser (exemples : web > publications sur les réseaux sociaux ; print > dans une brochure) mais elle vous aidera également pour la « rédaction » du contenu.
Une infographie doit être la plus concise possible tout en étant assez précise pour que la cible n’ai plus de questions à se poser sur la thématique/problématique illustrée. Lorsque j’évoquais la « rédaction » du contenu cela vaut selon moi pour le format web, et notamment les réseaux sociaux : est-ce qu’une infographie print détaillée (par exemple) en 4 points ne vaut-elle pas mieux d’être déclinée en 4 visuels pour ne pas engorger le post ? Ou bien pour le traitement en story, cela ne vaut-il pas le coup d’animer les données sous forme de motion design concis ? D’après mon expérience, je suis la plupart du temps amener à traiter dans l’ordre suivant : création d’une infographie print pour un dossier de presse ou magazine > déclinaisons web pour les réseaux sociaux (publications facebook, twitter et story).
QUEL UNIVERS GRAPHIQUE ?
Il est possible que la thématique/problématique ai déjà « une charte graphique » ou du moins un logo, ou une couleur définie, ou une typographie. Si c’est le cas cela peut guider l’univers graphique à mettre en place dans l’infographie. Si ce n’est pas le cas, il faut partir de zéro et ça peut également être une excellente chose car on devient « maître » du design de l’infographie, et cela permet par exemple de moderniser et dynamiser un sujet qui peut paraître peu abordable pour le grand public.
Dans mon processus de création je m’applique donc à récolter ces infos graphiques, tout en effectuant des recherches colorimétriques en parallèle : selon la couleur définie, quelle est sa couleur complémentaire ? Quelles sont les associations de couleurs tendances actuellement (je m’inspire même des fois des couleurs associées dans le milieu de la décoration intérieure) ? Une fois ces réponses trouvées je navigue sur le site https://www.toutes-les-couleurs.com/code-couleur-html.php qui permet d’obtenir des codes couleurs HTML/RVB/CMJN divers et variés.
QUELLES ILLUSTRATIONS ?
Une fois le contenu mis à plat et les tendances graphiques à peu près définies (elles s’affineront tout au long du processus de création) il faut s’attarder sur cette question primordiale : comment illustrer le contenu ?
De mon côté, je regarde dans l’ensemble la « typologie » des données : est-ce qu’il n’y a que des chiffres ? ou au contraire que des données écrites ? les deux ? Si c’est une combinaison des deux c’est selon moi le plus facile à illustrer car ça permet de diversifier le contenu global de l’infographie : pictos vectoriels (https://www.flaticon.com/fr/), illustrations en flatdesign (https://fr.freepik.com/), varier la taille de la typographie et les typographies elles-mêmes (https://www.dafont.com/fr/), et/ou enfin créer un « zoning » dans l’infographie pour hiérarchiser la lecture et les données communiquées (par ex : zones/fonds gris clair en arrière-plan pour alterner les données).
C’est dans cette étape cruciale que le délai peut jouer un rôle clé : dans mon cas, si je sais que le rendu doit être quasi-immédiat (quelques heures de création) alors je me tourne plus vers les pictos vectoriels et la variation typographique, tout en intégrant si possible une illustration flatdesign au tout début par exemple pour « appuyer » la thématique/problématique. En revanche, si je dispose d’un plus long délai je peux alors m’accorder plus de temps à créer des scénographies par exemple qui illustrent les propos, via du dessin vectoriel.
Quel que soit le traitement graphique envisagé il faut absolument être cohérent dans les couleurs. Personnellement, j’applique depuis quelques temps cette méthode/équation : 1 couleur forte + 1 variation plus douce de cette couleur + sa couleur complémentaire + nuances de noir/gris/blanc. Et je ne m’en tiens ensuite qu’à cette équation de couleurs que j’applique sur tous les éléments graphiques, notamment dans les dessins vectoriels. Cela rend selon moi un rendu assez sobre, minimaliste, tout en s’appuyant sur un univers clair.
QUELS OUTILS ?
Si vous êtes arrivés jusque-là dans la lecture de mon article, vous avez déjà pu voir la mention d’outils que j’utilise dans mon processus de création (sous forme de liens). Il me semblait plus pertinent de les glisser au moment où ils sont les plus utiles dans ce mode d’emploi. Je ne vais donc pas m’attarder sur eux dans cette partie, mais plutôt vous faire part des logiciels que j’utilise dans la création d’infographie.
Mes infographies print sont généralement créés sous InDesign dans le cadre où elles doivent faire partie d’un document de plusieurs pages, je les intègre alors directement au fichier du document, sur la page (ou double-page) dédiée. Enfin, lorsque que je dois la décliner en web pour les réseaux sociaux, je repars alors de cette base print que j’adapte au format souhaité sous Illustrator. Cela peut paraître « doublon » mais c’est une étape importante pour moi car lorsque je dois la « recréer » sous Illustrator je m’inquiète alors rapidement de sa nouvelle mise en page et de sa déclinaison qui lui sera propre aux réseaux sociaux. C’est également à ce moment-là que je détermine s’il est opportun de créer plusieurs visuels pour assurer une lisibilité correcte dans les posts.
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Plus de questions à se poser, il est maintenant temps de se lancer et de créer ! Je pense avoir fait le tour du mode d’emploi pour créer une infographie d’après mon expérience. J’espère que cet article sera utile, et il peut bien entendu varier au fil du temps et de l’évolution des outils graphiques.
Créat!ivement,
M!i