L’émergence de ces IA (Intelligences artificielles) a fait beaucoup de bruit cette année. Chacune de ses plateformes s’est vue se perfectionner et s’améliorer ces derniers mois, ce qui en font aujourd’hui des outils performants dans la création visuelle, de quoi titiller ma curiosité. Alors, ces IA seront-elles mes alliées ou me remplaceront-elles dans mon activité de Graphiste ? Analyse.
Cas pratique
Je me rends dans quelques semaines à Londres et pour cette occasion j’ai booké un rendez-vous avec une tatoueuse londonienne. Mon anglais n’étant certainement pas parfait, je me suis dit que cet exercice sur IA pourra tester 2 aspects du projet : les créations visuelles proposées et la qualité des réponses, tout en vérifiant que ma « commande » et mes critères soient bien compréhensibles. Car, comme certains doivent déjà le savoir, les plateformes Dall•e et Midjourney fonctionnent exclusivement en anglais, tout comme les données que vous devez saisir. Cela peut être un frein pour les personnes qui ne sont pas à l’aise avec cette langue.
Littéralement, la demande que j’ai faite à la tatoueuse, et donc aux IA en parallèle, est assez simple : une rose dessinée dans un univers géométrique et minimaliste (en accord avec le style artistique de la tatoueuse). Pour traduire cette commande en anglais, je ne vais pas mentir, j’ai douté sur l’ordre des mots pour éviter par exemple d’avoir un tatouage rose de formes géométriques. Cas pratique, donc…
Dall•e
Le premier point positif : sur Dall•e la création du compte est rapide et simple. La navigation est très intuitive sur la plateforme et le parcours usager est agréable et lisible. Cependant, les réponses paraissent maladroites dans le tracé, elles répondent à la commande initiale mais ne varient pas beaucoup. Toutes les réponses, malgré des essais de reformulation et d’ajout/retrait de mots dans la commande, se ressemblent étroitement et ne permettent pas d’ouvrir les possibilités. Cette IA semble plus adéquate dans une requête « terre-à-terre » et donc réaliste en créant avec de l’existant, et non en interprétant.
Midjourney
Le parcours est plus complexe pour arriver à la « room » permettant de formuler sa demande à l’IA. La navigation est assez confusante et oppressante car chaque « room » est commune donc des centaines (voire millers ?) de personnes à travers le monde qui envoient leurs requêtes en direct et Midjourney s’applique à répondre dans les 4 secondes.
Le rendu des propositions répond davantage à la commande que sur Dall•e, et je pousserais même en disant qu’elles sont esthétiquement plus intéressantes. Les tracés semblent plus fins et travaillés dans la réalisation. Cette IA paraît plus dans le libre-arbitre et dans l’exploration des limites et nuances de la commande.
Première conclusion
Je m’aventure donc à « conclure » sur ces essais : les guillemets sont de rigueur car vu les aptitudes de ces IA c’est impossible de fournir, après seulement 2 heures de récréation sur les logiciels, une conclusion exhaustive et honnête. Concernant le traitement de ma requête graphique, chacune des IA s’est comportée de façon bien distincte et assumée : pour Dall•e ce sont des croquis qui traduisent mot-à-mot ma demande, soit des tests autour de la fleur qui se conjugue à la géométrie ; pour Midjourney c’est une interprétation réelle du tatouage sur peau avec des tests de formes et d’équilibres du dessin. C’est dans tous les cas très intéressant de comparer les deux IA et d’apprécier les forces et limites de chacune, en parallèle.
Je ne pense pas pour ainsi dire que les IA remplaceront telles quelles les créatifs, mais elles peuvent largement aider des personnes en recherche d’illustrations précises et imagées. Elles peuvent bien entendu servir dans le processus créatif pour aider un Graphiste à se lancer sur une idée, tester des associations de formes, et de se rassurer dans des choix avant de se lancer et « perdre du temps » à essayer une idée peu convaincante dès le départ. Je pense que ce ne sera pas, pour ma part, la dernière fois que je m’essaie sur ces IA.